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GRAND PRIX LITTÉRAIRE DU BÉNIN 2021 GRAND ORAL LITTÉRAIRE 2021
Ce que tout le monde savait déjà, c’est que le livre était suffisamment malade et pour le soigner, il fallait que viennent à la hâte ces gens qui sont assis devant moi et qui portent le livre comme le monde porte l’œuf que la terre désire. Oui, fallait que viennent à nous et à la hâte ces hommes en blouse qui sortent à coups de bistouris le livre de l’euthanasie. Un écrivain, ce qu’il était avant que ne viennent à nous ces hommes en cagoules me demandez-vous ? Eh ben, il était un porteur de palanquin suffisamment misérable pour ne pas trouver facilement les misères du monde qu’il sait narrer dans ses écrits qui n’intéressent que son père et sa mère. L’écrivain était une grosse merde de la société. Quelqu’un qui est bon dans la rédaction des faire-part pour les obsèques. Quelqu’un qui est allé à l’école au lieu d’apprendre un métier. L’écrivain était un épouvantail placé au milieu du champ de fonio pour faire valser les oiseaux migrateurs. Il écrit pour ne pas être lu. Il est lu pour être combattu. Il est combattu pour ne pas exister.